Suis-je ou serai-je une baba yaga, peut se demander toute lectrice ? La troisième partie du roman de Dubravka Ugresic est un précis de «babayagalogie». On saura tout sur la sorcière des contes slaves qui vit dans une isba montée sur pattes de poule, et qui ne dédaigne pas les ragoûts d’enfants. Mais on ne s’en tiendra pas au passé, les choses ont bougé. Aujourd’hui les «jeteuses de sorts» de tous pays ont été réhabilitées par les féministes (Cf Sorcières. la Puissance invaincue des femmes de Mona Chollet), elles ont quitté leurs forêts, ont gagné les villes et se sont mêlées à la population générale, certaines sont même végétariennes. Des indices sont parlants : la baba yaga ou ses sœurs a souvent des grands pieds, une poitrine pendante, un nez pointu (souvenir d’un ancien bec d’oiseau), un peu de moustache. On reconnaît aussi les sorcières à leur strabisme, au fait qu’elles vomissent facilement. Et puis il y a ces sons bizarres : «Baba Yaga se reconnaît à ses phrases répétitives et à ses expirations caractéristiques : “Ouf, ouf, ouf !”» et à sa façon de «répéter les mots (écholalie)». Quant aux rires, ils sont souvent sifflants ou hennissants.
Suite impériale
Les personnages de Baba Yaga a pondu un œuf (1), publié en croate en 2007, ont toutes au moins une caractéristique qui pourrait les trahir. Mais quand dans le hall d’un palace-spa de Prague débarque un curieux trio, le réceptionniste aguerri n’y voit que du feu. Sa seule inquiétude : ont