«— C’est dangereux, de chasser des baleines ? — Seulement pour elles.» La mère qui répond à son fils est une documentariste dont le film est présenté lors d’un festival, dès la première page d’Echos qui est le deuxième roman traduit (après la Matière du chaos en 2022 chez le même éditeur) de Kristín Eiríksdóttir, née en Islande en 1981. Il y a du danger pour la femme à répondre aux questions lors de cette projection. Mais il y a du danger pour elle partout, à vivre, à ne pas vivre. Son film s’appelle «Dimmi /Dimitri», du nom du garçon qui revient dans sa vie quand il n’est plus un ado mais un fier chasseur de baleines répondant «Bien sûr que tu vas faire un film sur moi !» quand elle a le projet de son documentaire. Tout au long du livre, les époques se suivent dans une chronologie soigneusement désordonnée : après tout, les romans ne sont pas écrits pour que leurs lecteurs puissent, lecture achevée, rédiger la biographie des personnages en bonne et due forme. Mais quels droits ont-ils, elle de le filmer, lui de l’être ? Car c’est un sale type, non ? et pas juste parce qu’il chasse les baleines. Et elle ? «Je n’ai pas envie de participer à un film centré sur tes opinions. Nous réalisons un documentaire, nous ne cherchons pas à montrer combien nous sommes géniales et moralement supérieures», lui dit une amie. Et de quel droit s’approprier cette histoire, lui demande-t-on quand elle est sur scène ? Surtout elle qui va finir par trouver
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«Echos» de Kristín Eiríksdóttir, les baleines et le sale type
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par Mathieu Lindon
publié le 24 janvier 2025 à 16h03
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