Poids lourd du polar, le Norvégien Jo Nesbø, 63 ans, fait tandem avec son personnage de prédilection, Harry Hole, depuis 1997. La paire usine depuis lors du best-seller à un rythme métronomique, avec quelques échappées solos (toujours à succès) pour Nesbø. Dans tous les cas de figure, ce dernier, qui a aussi été chanteur de rock et analyste financier, garde toujours le cap «dark», façon l’homme est un loup, y compris pour lui-même. A commencer par Harry Hole.
Flic redoutable d’efficacité, légende parmi ses pairs, Harry est également ingérable, volontiers hors des clous de la procédure et de la hiérarchie, alcoolique, et d’un spleen abyssal. Il est notamment hanté par la mort de sa femme, assassinée. Sur le fil en permanence, il est souvent barré, en même temps qu’il se barre : si les premières salves le montraient à l’œuvre à Oslo, Nesbø le déterritorialise volontiers. Dans cette treizième salve, par exemple, Harry débarque de Los Angeles. Il a accepté de revenir faire le limier à Oslo pour rembourser la dette d’une complice de bar qui l’a décrypté en un coup d’œil – «Un chien roué de coups, chassé par la meute, toujours seul au bout du comptoir». Harry Hole est typique de l’enquêteur hard boiled – dur à cuire –, et Nesbø a l’