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Critique

«Ecrire sa mère», de Robert Neuburger : chansons des mal aimés

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Le psychiatre et psychanalyste, spécialiste de la famille, nous fait entrer dans l’intimité d’auteurs qui ont dépassé un déficience d’amour maternel grâce à l’écriture.
Le passeport de la mère de Romain Gary, Mina Kacew. (PETRAS MALUKAS/AFP)
publié le 26 juin 2024 à 21h34

Ecrire sa mère ou comment dépasser par l’écriture le mal-amour maternel : le propos est pointu et original sur un sujet que l’on croyait plus ou moins connaître. On y voit que le fait d’écrire sur sa mère s’avère être une clé précieuse, de nature à éclairer la relation mère-fils (surtout) mais aussi mère-fille. Nombre d’écrivains n’ont, de fait, pas eu une relation banale avec leur mère : soit trop aimé·es, soit mal aimé·es. Sans jargon, l’auteur, psychiatre et psychanalyste, spécialiste de la famille, nous fait entrer, textes d’écrivains à l’appui, dans l’intimité des mal aimés (Annie Ernaux, Amélie Nothomb, Delphine de Vigan, Nancy Huston, Marguerite Duras, Pascal Quignard) et des trop aimés, pris dans une relation exclusive avec leur mère (Albert Cohen, Romain Gary, Roland Barthes, Jean-Paul Sartre entre autres). Tous ont eu une graphomanie salvatrice, trouvant leur liberté à travers «une écriture souvent autobiographique, qui a été leur support, leur mère idéale, leur consolation, leur exutoire», dit Robert Neuburger. Si les maltraitances physiques peuvent laisser des traces visibles et invisibles, les psychologiques en laissent d’invisibles aux conséquences durables, toute une vie de relation et même post mortem de la mère ! L’auteur cite le célèbre article de Sándor Ferenczi «l’Enfant mal accueilli et sa pulsion de mort» (l’Enfant dans l’ad