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Histoire

«Elèves et maîtresses (1849-1928)», des femmes à l’art libre

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Accompagné d’une iconographie soignée, l’ouvrage collectif dresse un panorama de l’enseignement artistique au féminin de 1849 à 1928, au sein d’ateliers de renom d’où émergèrent des figures reconnues pour leurs qualités.
«Dans l’atelier» de Marie Bashkirtseff (1881). (Heritage Images/Aurimages)
publié le 4 septembre 2024 à 17h02

Cessons, préconise ce livre aux quinze signatures, de revenir sans cesse, serait-ce à juste titre, sur l’iniquité faite aux femmes artistes. Interdites de s’inscrire à l’Ecole des beaux-arts jusqu’à la fin du XIXe siècle, celles-ci sont privées du seul apprentissage censé former de futurs «grands peintres», ce qu’aucune ne serait donc devenue. De fait, si cette exclusion genrée a freiné leur épanouissement et si l’androcentrisme persiste au niveau de l’enseignement artistique, deux données essentielles ne doivent pas être oubliées. D’une part, la majorité des hommes peintres n’a pas été formée dans cet établissement ; d’autre part, nombre de ces créatrices en herbe entrèrent, comme eux, dans des ateliers de renom, dirigés par des hommes qui ouvrirent des cours réservés à leur sexe – bienséance oblige –, ainsi celui de Félix-Joseph Barrias ou celui des Dames, avec à sa tête, tour à tour, Carolus-Duran et Jean-Jacques Henner, lequel fascine son élève Dorothy Tennant.

L’obstination à approfondir leurs savoirs caractérise ces jeunes femmes, convaincues de leur vocation, si contraire à celle, prétendue naturelle, de mère, tout comme leur volonté à imposer leur originalité créative, ce que parvient à faire Juliette Roche, inscrite en 1911 à l’Académie Ranson. Ce fut parfois en dépit de maîtres peu enclins à accepter que le talent n’ait pas de sexe. Exemple étonnant, celui de Gabriel Ferrier, professeur de la réputée Académie Julian, immortalisée par les pinceaux de