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Essai

Elisabeth de Feydeau, «Schiap» et la vie du noir au rose

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L’historienne spécialiste du luxe et du parfum conte l’existence aventureuse d’Elsa Schiaparelli, grande rivale de Gabrielle Chanel.
Elsa Schiaparelli en 1935. (Archives Snark/Photo12. AFP)
publié le 20 octobre 2022 à 3h49

Le rose de la couverture étonnera qui ignore que cette couleur, dite rose shocking, fut l’emblème d’Elsa Schiaparelli dans le monde de la mode des années trente. Si, aujourd’hui, son nom est moins célèbre que celui de Gabrielle Chanel, elle fut, pourtant, aussi célèbre qu’elle, et de surcroît, sa rivale, voire son ennemie, du moins aux yeux de cette dernière qui n’a pas eu de mots assez durs pour qualifier la production de celle-ci. En vain, car rien ne freine l’engouement pour les extravagances de «Schiap», surnom qu’elle s’est donné et qu’ont adopté ses amis du Tout-Paris : «robe trompe-l’œil» de la collection automne 1931, au motif peint à la main par Dunod, célèbre pour ses œuvres en laque et métal, «robe-homard», créée avec Dalí, à laquelle le crustacé dessiné à l’entrejambe confère une connotation érotique, portée avec chic et chien par la duchesse de Windsor ! La couturière innove sans cesse, des modèles du soir aux vêtements confortables, sportifs adaptés à la modernité féminine, telle la scandaleuse jupe-culotte ; elle met en vedette la soie artificielle, la cellophane et le jersey.

Cette inventivité s’inscrit dans l’histoire de la mode et pour la comprendre, Elisabeth de Feydeau, historienne du parfum et du luxe, la relie au contexte et à l’imaginaire débridé de Schiap, dès son enfance romaine, dans les fastes de la villa Corsini dont son père est bibliothécaire. Dé