Timing parfait. Même si le livre d’Elisabeth Roudinesco n’a pas besoin de l’actualité pour faire parler de lui, il tombe en pleine polémique sur la demande d’un bilan sur «l’islamo-gauchisme» dans la recherche, de la ministre Frédérique Vidal. Un néologisme que l’historienne de la psychanalyse, par ailleurs opposée à toute chasse aux sorcières dans l’université, pourfend. «A qui fera-t-on croire que l’emploi insultant de l’expression “islamo-gauchisme” – comme celui d’”islamophobie” – serait de nature à élever le débat ?» interroge-t-elle dans le chapitre intitulé «Le labyrinthe de l’intersectionnalité». Elle considère que ce type de vocabulaire encourage les postures les plus extrémistes. Plus généralement, l’usage croissant de jargons et de nouveaux concepts démultipliés en néologismes, la hérissent. Une fois décrétés, ils font selon elle office de catéchisme et finissent par descendre dans la rue.
Elisabeth Roudinesco part en guerre contre les dérives identitaires. Au risque assumé de se faire taxer de réactionnaire, et en ne reculant pas devant des arguments qui seront immanquablement jugés provocateurs. Elle n’est pas sur son terrain coutumier de la psychanalyse, qu’elle a d’ailleurs toujours associé aux questions politiques. Si elle s’aventure dans la généalogie et l’évolution des mouvements féministes et postcoloniaux, cette figure intellectuelle qui affectionne le débat public et n’hésite pas à croiser le fer, s’est déjà exprimée sur le différenti