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Roman

Elizabeth Jane Howard, scènes de rembobinage

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Une épouse presque parfaite dans «la Longue-vue» de l’autrice de la saga des Cazalet.
Elizabeth Jane Howard, à Londres, en 1956. (Susan Wood/Getty Images)
publié le 16 février 2024 à 14h23

Mrs Fleming a un dîner comme Mrs Dalloway, chez Virginia Woolf, sort acheter des fleurs car elle a une réception. Elles ont en commun d’être d’abord la femme de leur mari avant d’avoir un prénom, Antonia pour l’une, Clarissa pour l’autre. Mais laissons Mrs Dalloway s’en aller par les rues en pensant à des tas de choses. Mrs Fleming pense beaucoup moins. Elle sait d’avance comment la soirée va se dérouler, la seule inconnue étant le choix de Mr Fleming, va-t-il rester auprès d’elle, ou la laisser seule. Organiser un dîner pour les fiançailles de son fils, elle sait le faire «(c’était le genre de mission peu inventive qui lui revenait)», mais au bout de vingt-trois années de mariage, «épuisée», elle sait que sauver son couple n’est pas de son ressort. Elle a 43 ans et ne manque pas d’ironie, ni de fierté.

La Longue-vue, deuxième roman d’Elizabeth Jane Howard (1923-2014, connue surtout pour la saga des Cazalet), est construit par retours en arrière, en cinq épisodes datés 1950 (le dîner), 1942, 1937, 1927 et 1926. Antonia grandit à la campagne. Son père est un érudit qui la trouve bornée, et sa mère une femme du monde séduisante qui la tro