Emma Becker aime les hommes. Elle sait qu’elle ne devrait pas, que ce serait plus simple de les trouver nuls (ce qu’ils sont) et de s’en débarrasser comme de vieilles chaussettes une fois consommés, mais elle ne peut pas s’en empêcher. Avec elle-même, son corps, sa vie, ses états d’âme, elle en a fait le sujet principal de ses préoccupations littéraires (au moins, comme ça, ils servent à quelque chose). Dans le Mal joli, l’autrice décrit sa passion amoureuse adultère tout en se débattant avec sa culpabilité de femme qui a un compagnon et deux enfants. Le pitch vous rappelle quelque chose ? C’est normal, c’est à peu près le même que l’Inconduite (2022), son précédent ouvrage chez Albin Michel, son éditeur principal qui la porte au moment des rentrées littéraires (entre-temps, elle a publié l’excellent et discret Odile l’été, chez Julliard, l’année dernière).
Les 80 premières pages (sur plus de 400) disent le meilleur d’Emma Becker : on retrouve sa liberté absolue de ton, son humour, ses réflexions sur l’amour, les tromperies, le sexe, les corps, sa capacité à ne rien s’épargner, à traiter tous les détails, même les plus intimes. On se dit qu’on a là la grande écrivaine de l’adultère de notre époque. Et aussi de l’anulingus, ce qui n’est pas le moindre des titres de gloire.
«Ma personne morcelée, recomposée, éclatée à nouveau»
L’autrice est à la campagne, elle s’ennui