«Le premier incendie auquel fut confronté le père Philippe Ligné s’alluma dans sa culotte» est le tout début de Contrefeu, le nouveau texte d’Emmanuel Venet, et la part du feu va devenir considérable – et dans les culottes et dans le roman du psychiatre né en 1959. Car si le prêtre à qui la mère du baptisé fit «naître un début d’érection qui lui valut des associations d’idées salaces au moment de faire renoncer l’assemblée à Satan, à sa pompe et à ses œuvres» va devenir évêque (puis beaucoup moins que ça), c’est la cathédrale de Pontorgueil tout entière qui partira bientôt en flammes, un an jour pour jour (il n’y a pas de hasard) après Notre-Dame de Paris. Et Emmanuel Venet s’amuse à présenter, au cours des vingt-six brefs chapitres, foultitude de personnages n’ayant aucun rapport entre eux si ce n’est que tout s’entremêlera avec la catastrophe. Les voix de la bêtise, de la malhonnêteté et de la cupidité s’expriment ainsi chacune avant de se rejoindre avec virtuosité, à la manière de ce qui arrivait dans les premiers films de Pedro Almodóvar, même si l’humour est ici plus sobre et pince-sans-rire. Il faut être un fieffé catholique, ou un architecte expert, pour saisir d’emblée le sens de la concessive «bien qu’on ne connaisse pas d’exemple de bucrane dans une mandorle», d’autant que le texte le plus détaill
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Emmanuel Venet, vous avez du feu ?
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Le cahier Livres de Libédossier
Emmanuel Venet. (Pascal Viénot)
par Mathieu Lindon
publié le 19 janvier 2024 à 13h16
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