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Histoire

En Albanie, l’«Enverisme» du décor

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Grandiloquence irrationnelle, mensonges éhontés, falsifications... Dans un essai biographique, Bertrand Le Gendre revisite la psychologie du tyran communiste Enver Hoxha pour mieux souligner les particularités de l’un des régimes les plus féroces, hermétiques et paranoïaques d’Europe de l’Est.
Enver Hoxha (1908-1985). (AFP)
publié le 28 mars 2024 à 6h58

Un petit pays, mais une grande prison à l’époque du «camarade Enver». Durant plus de quarante ans, Enver Hoxha a dirigé et verrouillé l’Albanie, cet Etat de l’est des Balkans restée dans l’ombre de la Yougoslavie du maréchal Tito à ses débuts. C’est d’ailleurs sous le parrainage du Parti communiste yougoslave, que le PC albanais est créé en 1941. Et Hoxha ne l’a jamais vraiment digéré. «Il a nié par la suite que le PCA fût à ses débuts une “filiale” du PCY, rappelle l’essayiste et journaliste Bertrand Le Gendre dans Enver Hoxha, Albanie, les années rouges. Il a gardé un souvenir amer de cette tutelle qui a failli lui coûter son poste.»

Nul doute que ce péril originel n’a fait que renforcer un caractère suspicieux et autoritaire, répressif et paranoïaque chez Hoxha. Dans ce récit clair et incarné, qui relève plus de l’essai que d’une réelle biographie – comme celle exhaustive sur Tito de Joze Pirjevec qui ressort en poche –, l’auteur tente de «percer la psychologie» de ce tyran hors norme. Si les despotes oppresseurs et les dictateurs dingues n’ont jamais manqué dans l’ex-bloc de l’Est, Enver Hoxha y a tenu une place particulière pour sa démesure dans le verrouillage, l’absurde et l’enrégimentement de toute une population, comme le raconte Le Gendre.

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