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Récit

«En attendant les beaux jours» de Jean-Louis Comolli, beau comme un adieu

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Le cahier Livres de Libédossier
Au seuil de la mort, l’auteur décédé en mai promène son regard de cinéaste à travers ses souvenirs et écrit avec une acuité saisissante sur les débuts de la guerre en Ukraine
C’est en cinéaste que Jean-Louis Comolli regarde et comprend les informations sur la guerre. (Jérôme Plon )
publié le 4 février 2023 à 15h51

Jean-Louis Comolli nous apprend dès la première page qu’il va bientôt mourir. Son oncologue ne sait pas quand exactement, une semaine, six mois, un an, disons un mois. Très étonnamment, cette fin annoncée ne fait pas d’En attendant les beaux jours un livre plombant ou tragique ; on y trouve beaucoup de vie, de curiosité et même parfois quelque chose qui ressemble à de la sérénité. C’est un texte qui donne envie d’ouvrir les yeux, de s’étonner et de voir des films.

L’auteur est né en 1941 à Philippeville (aujourd’hui Skikda) en Algérie, où il a vécu jusqu’en 1960 avant de partir à Paris où il est, entre autres, devenu rédacteur en chef des Cahiers du cinéma. Il a été le réalisateur de la Cecilia et de nombreux autres films, dont le documentaire Marseille contre Marseille avec Michel Samson.

«La dignité des uns et des autres»

Dans ce texte de 110 pages, c’est comme si la conscience d’une mort prochaine cristallisait, ou densifiait, sa pensée, qu’il parle de ses médecins, des plantes du jardin ou d’une sculpture égarée. Il parle aussi de sa sœur Annie, elle-même cinéaste et anthropologue, qui s’installe chez lui lorsque la maladie le confine dans son appartement. Le soir, ils se font des recettes italiennes et regardent des films, exclusivement ceux produits par Hollywood entre 1949 et 1975. Cela donne de très belles pages sur They Live by Night (1948) de Nich