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Pourquoi ça marche

En finir avec Monique Bellegueule

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Hommage d’Edouard Louis à sa mère dans «Combats et métamorphoses d’une femme».
Edouard Louis en mai 2019. (Beowulf Sheehan/©Sheehan/Opale via Leemage)
publié le 10 avril 2021 à 9h08

Certains écrivains ne sont pas de bonnes réclames pour leurs livres. La clarté avec laquelle Edouard Louis s’exprime contribue au contraire à leur succès. La nature militante de ce qu’il écrit, son côté chevaleresque ne sauraient s’accommoder d’un manque d’authenticité. On a pu le vérifier lors de son récent passage à la Grande Librairie : l’auteur d’En finir avec Eddy Bellegueule (son premier roman, en 2014) est désarmant de sérieux, mais aussi de naturel et d’autorité. Il est à la fois politique et sentimental. Ses textes avancent sur cette double tonalité avec une telle harmonie qu’ils sont difficiles à résumer.

Après le monologue écrit pour le théâtre, Qui a tué mon père (2018), Combats et métamorphoses d’une femme rend hommage à la figure maternelle. Soumise à une double domination, sa condition de femme rendue encore plus difficile du fait de sa condition sociale, la mère de l’auteur a pu cependant s’émanciper, et, comme on dit, refaire sa vie. Monique Bellegueule a fini par changer de nom, comme son fils. Et, comme lui, elle est venue vivre à Paris.

1. Qui est-elle ?

Mère de deux enfants à 20 ans, elle en a 23 lorsqu’elle quitte son premier mari pour se réfugier, sans ressources, chez sa sœur. Elle n’avait pas pu aller au bout de sa formation à l’école hôtelière. Puis elle a rencontré le père d’Edouard Louis, celui-ci est né, et deux autres enfants après lui. «Elle ne comprenait pas que sa trajectoire, ce qu’elle appelait ses erreurs, entrait au cont