La France ne se comprend pas sans son roi. Il suffit, pour s’en convaincre, de s’attarder sur les échecs des IIIe et IVe Républiques et sur le succès de la Ve, cette «monarchie républicaine» instaurée par le général de Gaulle. D’où la fameuse confidence du candidat Macron, dissertant en 2016 sur la nécessité d’une présidence jupitérienne. L’historien Baptiste Roger-Lacan s’attaque à ces lieux communs paresseusement répétés. Il faut y voir, selon lui, l’héritage d’une littérature prolifique qui a entretenu une vision idyllique de la monarchie, par opposition au chaos républicain. Elle a prospéré pendant des décennies, imprégnant et inspirant toutes les droites françaises, des conservateurs modérés jusqu’à ceux qui célébreront, en Pétain, le fossoyeur de la République honnie. Elle participe aussi, à l’évidence, de la culture politique de l’actuel ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. «La Vendée a expérimenté dans sa chair la volonté prométhéenne de fabriquer un homme nouveau», expliquait en 2019 l’ex-sénateur LR pour illustrer la «dérive totalitaire» de la Révolution.
Alexandre Dumas n’avait rien d’un nostalgique de l’ancien régime. C’est pourtant lui, au début des années 1840, qui fait du chevalier de Maison-Rouge, poursuivi pour avoir tenté de libérer Marie-Antoinette, l’un des premiers héros contre-révolutionnaires romanesques. Outre cette empathie pour les défenseurs de la monarchie, plusieurs romanciers de la fin du XIXe siècle exploiteront avec succès c