Romans
Boubacar Boris Diop, Un tombeau pour Kinne Gaajo
Traduit du wolof par l’auteur, Philippe Rey, 352 pp., 23 €.
Njéeme Pay débute sa journée dès l’aube par un café, avant de se remettre à sa biographie. Célèbre journaliste politique de la radio privée Péncoo FM, elle a entrepris de nous relater la vie de Kinne Gaajo, son amie, sa «plus-que-sœur» et «la plus grande poétesse jamais enfantée dans le pays». Personnalité de tempérament, Kinne Gaajo écrivait aussi en wolof pour la Torche, le journal le plus lu au Sénégal, avant de disparaître dans le naufrage du Joola qui allait coûter la vie à 1 884 passagers entre Ziguinchor et Carabane le 26 septembre 2002. C’était il y a une vingtaine d’années, mais Njéeme Pay se souvient avec colère que le vieux président Abdoulaye Wade avait renversé les rôles en rejetant sans vergogne la responsabilité de la tragédie sur sa population. L’amie d’enfance – elles ont toutes deux grandi à Tilabéri – se remémore les événements liés à Kinne, entremêlés à son propre quotidien, son bel amour avec Bart, la vie de son quartier et les tressautements du paysage politique sénégalais. Avec Un tombeau pour Kinne Gaajo, Njéeme veut «faire revenir Kinne parmi les vivants», Boubacar Boris Diop fait lui deux portraits mémorables de femmes puissantes. F.Rl
Agnès de Clairville, Corps de ferme
Harper Collins, 304 pp., 19,90 €.
Le chat tigré, la pie, la chienne épagneule, la vache pie noir sont les récitants de ce drame agricole. Ils observent et partagent avec leurs maîtres les gestes d’un quotidien rude, rythmé par les visites du comptable ou de l’inspection vétérinaire lorsque la maladie tou