Mary Poppins avait le pouvoir de voler comme un oiseau, les phallers celui de faire imploser les phallus ! A chaque époque, ses super­héroïnes. Celles du roman de Chloé Delaume sont irrémédiablement post-#MeToo, investies d’une mission capitale : que les hommes cessent de violer. Les voici pourvues d’un don psychique déroutant, faire exploser les bites importunes. L’écrivaine se fait plaisir, et nous avec. C’est de l’HUMOUR, prévient-elle en préambule. Coup de baguette magique, l’exercice de la violence change de camp. Cette fois, ce sont les femmes qui l’infligent, frappes chirurgicales bien placées. Violette, 17 ans, est pourvue de ce pouvoir qui l’embarrasse plutôt. Après avoir réduit en bouilli le phallus d’un «importunator» qui la poursuivait frénétiquement dans une galerie marchande la veille de Noël, elle se retrouve embarquée chez les phallers, communauté infinie des femmes violées. Vont-elles remporter la bataille contre les horribles masculinistes du club Virilitas ? Entre Baise-Moi et Scum Manifesto, Chloé Delaume livre une fiction joyeusement émancipatrice contre le pouvoir exorbitant des hommes de posséder les corps des femmes (et des enfants). C.D.

Philippe, le narrateur, est québécois. Quand il rend visite à son père, atteint de la maladie d’Alzheimer, il l’entend l’appeler Maurice, et non Philippe. Maurice est le frère du père, un frère très tôt considéré comme mort et enterré par la famille (nombreuse), parce qu’il était homosexuel. En 19