True crime
Sabrina Champenois, les Suppliciées d’Appoigny
10-18, 206 pp., 8,30€.
Un jour de 1984, à Auxerre, dans l’Yonne, une femme ouvre la porte à un zombi. Sa fille. Huguette, disparue depuis trois mois, a perdu plus de 30 kilos, elle parle de façon saccadée, les yeux hagards. Les médecins découvriront sur son corps des traces de viols et de torture. La jeune fille a été kidnappée par un couple qui s’est fait passer pour un potentiel employeur alors qu’elle répondait à des annonces d’emploi. Séquestrée, affamée dans une maison du village d’Appoigny, elle a été livrée aux hommes de passage pour de l’argent, tel un animal. Une autre jeune fille, enlevée peu après elle, subira les mêmes sévices. Un courage et une détermination hors norme ont permis à Huguette de fuir et d’échapper à une mort certaine. Et aussi de sauver sa coprisonnière. Les deux filles ont en commun d’être de la DDASS, proies faciles car personne ne se préoccupait d’elles, pas même la mère d’Huguette dont elle était sans nouvelle depuis longtemps. Quelques années plus tard, à l’ouverture du procès, le couple manifestera peu de remords, l’homme surtout. Et les quelques témoignages laisseront entendre qu’il pourrait n’être que le rouage d’un vaste réseau, composé notamment de notables locaux. Les Suppliciés d’Appoigny offre un tableau terrifiant de ces petits trafics humains qui ont entraîné de nombreuses disparitions inexpliquées, dans l’Yonne notamment. Signé Sabrina Champenois, journaliste à Libération, il s’inscrit dans le cadre d’un nouveau partenariat sur les faits di