Une famille bourgeoise, une sœur aînée, quatre frères dont «le frère du milieu» puis «le frère le plus proche», et elle, la benjamine, qui attend de pouvoir fuir. Tout arrive. Elle a 18 ans, et une vocation qui lui permet d’oublier son enfance confisquée par le frère du milieu. «Depuis qu’elle a découvert qu’on pouvait dire d’autres mots que les siens, les siens étant impossibles à dire, elle ne pense qu’au théâtre.» Agatha, de Marguerite Duras, sert de catalyseur. Agatha, c’est elle. Duras accepte de remodeler son texte afin qu’il devienne une pièce. Montée par «Pierre T.» (Pierre Tabard), professeur de la jeune actrice à l’école de la rue Blanche où elle a été admise, Agatha triomphe quatre mois au Théâtre Essaïon. Mais les traumatismes sont comme les blessures mal soignées. Il y a des séquelles. Une histoire d’amour qui tourne mal amène la comédienne à porter plainte. Puis à raconter à la famille ce que le frère du milieu lui a fait subir. Les parents et le frère le plus proche sont morts, ­cancer, accident. On n’en parle pas. La fratrie fait bloc contre la traîtresse. Laquelle, à 40 ans, relit, effarée, Agatha, pour y découvrir que les mots naguère salvateurs traitaient de la passion de l’inceste. Il faudra du temps, dans ce roman vrai qui la met en scène, pour que Duras redevienne une héroïne. Cl.D.

Le roman se passe dans l’Allier. Hermine de Larmencour vient d’enterrer son mari, Paul, un châtelain, lorsque sa cuisinière l