Romans
Fatima Daas, «Jouer le jeu»
L’Olivier, 192 pp., 20 € (ebook : 15 €).
Kayden et sa «petite bande» vident leurs poches, les pièces roulent sur une table, «5 euros une pizza», qu’ils vont avaler avant leur rentrée au lycée. «La deuxième à moins cinquante. Sans boisson, ça passe.» Tout ce que Kayden vit, des scènes avec ses potes à ses sentiments pour sa prof de lettres Garance Fontaine, elle l’écrit. Elle la raconte affectueuse, énigmatique, légère quand d’ordinaire les adultes ont peur d’eux. Elle rougit en pensant à Madame Fontaine – marque d’un trouble qui imprègne à la fois sa quête d’identité sociale et sexuelle – bien que celle-ci ne voie aucun mal à séparer «les élèves brillants» d’un côté, «les dormeurs, les fouteurs de merde» de l’autre. La banalité des moments dit toute la difficulté des logiques méritocratiques encore établies dans l’enseignement supérieur. Aller à Sciences-Po – ou «Sciences Poules» – c’est aller dans «une école qui ne t’accepte pas», qui te fait croire «que t’es différente, que tu vas y arriver grâce à eux». Ne reste que le ras-le-bol, ce «trop de colère» qu’on ressent quand on est «témoin de toutes ces injustices». Les histoires que Fatima Daas raconte ressemblent, en partie, à celles qu’elle a vécues, c’était le cas aussi dans son premier roman, la Petite Dernière, au cinéma en octobre. C.G.D.
Vanessa Schneider, la Peau dure
Flammarion, 240 pp., 20 € (ebook : 15 €).
«Mon père était le pur produit de son époque, mais aussi le petit dernier d’une famille particulièrement déglinguée.» La journaliste e