Romans
Louise Glück, Marigold et Rose, un récit
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) et postface de Marie Olivier. Gallimard, 80 pp., 12 € (ebook : 8,49 €)
Marigold et Rose sont jumelles et toutes petites (autour d’un an). Avant qu’elles viennent au monde, leurs parents ignoraient tout des jumeaux : ils «s’attendaient à avoir deux fois le même bébé, comme deux fois le même plat au restaurant», or leurs filles sont aussi différentes que la nuit et le jour. «Tout le monde comprenait que Marigold vivait dans sa tête et que Rose vivait dans le monde.» Quand l’une apprend à communiquer, l’autre apprend à observer. «C’était une excellente observatrice.» A bien y regarder, Marigold est aussi une image de l’écrivaine, renvoyée à la «langue rêvée» selon l’expression de la traductrice Marie Olivier en postface, «celle qui ne parle pas mais s’écrit, et qui est la langue de la littérature». Avec toujours ce curieux mélange qui lui est propre de banalité et d’ampleur (dire presque rien, ouvrir des abîmes de réflexion), l’unique texte en prose, à hauteur d’enfant, de la poétesse américaine nobelisée en 2020 et décédée en 2023. T.St.
Jaap Robben, Au crépuscule
Traduit du néerlandais par Guillaume Deneufbourg, Gallmeister, 416 pp., 24,90€ (ebook : 15,99€).
Aux Pays-Bas, de nos jours : «Au crépuscule» de sa vie, Frieda se souvient comme le monde lui avait alors paru plus beau quand en 1963 elle avait rencontré Otto. Il était lépidoptériste, autant dire qu’il consacrait sa vie à l’éphémère, étrange paradoxe à valeur d’avertissement puisqu’il avait disparu lorsque Frieda avait accouché de leur enfant ; Otto était marié et ne quitterait jamais sa femme. Ce fut alors pour Frieda le début d’un véritable parcours du combattant. C’e