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En librairies : Marie Khazrai, Carole Wrona, Avril Ventura ...

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Le cahier Livres de Libédossier
«La mythologie des vampires», l’image de la jeunesse enfuie, l’odeur d’un nourrisson, une maladie rare, des «guerrières de porcelaine», et des vies parallèles et liées.
publié le 4 octobre 2024 à 17h10

Romans

Marie Khazrai, Poupées roumaines

Les Avrils, 294 pp., 22 €.

On peut essayer d’apprendre la Roumanie dans un livre de l’historien Lucian Boia. Mais quand on s’en va passer une semaine dans la ferme de ses aïeules, envahie de poussins, on ne comprend plus rien. Là-bas, «la folie communiste» a percuté «la mythologie des vampires», dans la famille un homme a fait manger le cœur d’un loup à son enfant et une femme jalouse a empoisonné sa rivale. Quelques dates : la collectivisation est décrétée en 1954. Il y est mis fin en 1962. Les paysans, qui avaient conservé une parcelle, doivent céder leurs terres. Gare à ceux qui résistent, comme le grand-père de la narratrice, née en 1984 d’une mère roumaine née en 1948 et d’un Iranien. Travaillant à l’ambassade d’Iran en Roumanie, celui-ci fut chassé du pays à la chute du chah, avec sa femme. Ainsi Marie Khazrai, l’autrice de ce premier roman éclaté qui démêle le fol écheveau des origines, est-elle française. Pourquoi sa mère, Olympia Lupesco, est-elle appelée Jana par celles qui sont restées au pays, sa propre mère, qui fête ses 93 ans, et sa sœur Vera ? Laquelle fut radiée de l’enseignement pour être tombée amoureuse d’un parent d’élève, et devint comptable dans une usine qui ne produisait rien. Vera : «Je sais que tu n’as pas faim. Personne n’a jamais faim. On se mange les unes les au