Romans
Marie Richeux, Officier radio
Sabine Wespieser, 240 pp., 21 € (ebook : 14,99 €).
Son oncle Charlot, officier de radio, a péri dans l’abordage de son navire, l’Emmanuel Delmas, par un pétrolier italien le 26 juin 1979. La narratrice, «sensible aux voix, avant qu’elles ne disparaissent», autoportrait de Marie Richeux, enquête sur l’événement qui a causé un abcès silencieux dans la chair familiale. Elle découvre aux Archives nationales un dossier sur le naufrage et une nouvelle version, plus dramatique, plus douloureuse, de la mort des marins. «Tout ce que je croyais avoir affaire avec de l’eau est soumis à la force des flammes. […] Il y a des corps et d’un seul coup, il y a de la cendre.» Le récit court à fleur de peau. Télégrammes, entretiens, photos, souvenirs de son père, Auray ou pas Auray, sa cueillette d’informations avance comme un troublant questionnement intérieur sur son intérêt pour les disparitions. Raison de plus pour enregistrer des voix et fixer des écrits. Un beau «roman» en vibrato subtil, face au vide apparent de la réalité. F.Rl
Charif Majdalani, le Nom des rois
Stock, 215 pp., 20 € (ebook : 14,99 €).
C’est l’histoire d’un jeune Libanais, fils d’une famille aisée, qui vivait dans la passion des épopées passées, des royautés anciennes et des vieux empires oubliés quand, soudain, un jour des années 70, la réalité des événements sanglants de son pays l’a rattrapé. Il a découvert alors qu’il n’y avait nul besoin de se plonger dans les vieux atlas poussiéreux et les livres d’histoire pour croiser des guerriers ou des chefs ivres de gloire et de pouvoir, ils étaient là, sous ses fenêtre