Romans
Marielle Hubert, Il ne faut rien dire
P.O.L, 192 pp., 19 € (ebook : 13,99 €).
Sylvette doit mourir de son cancer depuis des mois, mais le fait est qu’elle ne meurt pas, comme coincée dans un entre-deux. Sa fille, la narratrice, ouvre le roman familial toujours tenu fermé («Dire quoi ? Il ne faut rien dire») et comble les gouffres en inventant sa vérité concernant la prime jeunesse de sa mère. «Je ne dois plus avoir peur de mentir, je vais dire une histoire fausse et tout ce que je sais d’elle, c’est que j’y étais» (comprendre : j’y étais en puissance, en devenir). Le récit, mi-fiction mi-document, remarquablement écrit, alterne entre le présent et les années 50. On en retient surtout l’axe central, parlant et troublant : «Si ma mère avait l’apparence d’un adulte, elle était en réalité une petite fille.» Qu’avait vécu «l’enfant-Sylvette» qui la figea pour toujours à 5 ans ? Parler, en faire un livre, c’est désobéir de belle manière à l’injonction maternelle du titre et aussi, par touches, affirmer sa présence, sa propre manière d’être et de raconter, son identité d’autrice, «moi qui aime les vérités noires». Deuxième roman de Marielle Hubert, après Ceux du noir (2022). T.St.
Alexis de Moulliac, la Descente à la plage
Buchet Chastel, 160 pp., 17 € (ebook : 11,99 €).
Dario est réveillé par une soif que rien ne peut étancher. De cette chambre dont il ne voulait pas sortir, cet ermite est obligé de s’extirper car boire devient une obsession. Sur cette île ceinte comme une tentation perpétuelle par l’eau, Dario erre, guidé par Virgile un enfant crasseux et sérieux, apparu à ses côtés par enchantemen