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En librairies : Mathieu Lindon, Claire Castillon, Stéphanie Hochet

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Le cahier Livres de Libédossier
Des singes, «gratteurs en chef», une adolescente aux yeux de laquelle rien ne trouve grâce et une possible transidentité de Jeanne d’Arc face au sexisme.
publié le 11 avril 2025 à 16h33

Romans

Mathieu Lindon, le Monde comme démangeaison

P.O.L, 160 pp., 18 €.

Se gratter ou dormir, cela commence par un dilemme. «Ça me gratte et je laisse faire.» Faut-il laisser faire ? Peut-on se gratter n’importe où ou seulement avec soi-même ? «Laisser faire la vie, cette démangeaison de chaque instant, parfois si douce, parfois pas.» De la démangeaison, physique et sans raison valable, à celle du sens figuré, métaphysique disons-le, il y a toute une gamme, qui passe par les singes («les gratteurs en chef»), le libre arbitre que suppose se gratter par rapport à éternuer, une liberté qu’on regrette quand on a la gale, la mort qui gratte avec la vieillesse, l’ennemi intérieur qui démange quand on a rien demandé… Le sujet suscite un chapelet de réflexions malicieuses et graves, avec de nombreuses phrases mémorables à la Devos : «Mais se gratter est comme pleurer ; si on commence, quand s’arrêter ? C’est comme un deuil : une fois qu’on est entré dedans, on n’est plus maître de rien.» Idem une fois qu’on est entré dans le Monde comme démangeaison de Mathieu Lindon, journaliste à Libération, il agit en poil à gratter et lecture contagieuse. Parti d’une vile sensation corporelle, on devient moustique, serpent ou livre, voire un autre ou soi-même, et réveillé de bonne grâce. F. Rl

Claire Castillon, Tssitssi

Gallimard, 176 pp., 18,50 € (ebook : 13 €).

«La liberté, c’est vraiment le sentiment auquel j’aspire, même si c’est pas un sentiment, et qu’aspirer ça veut pas forcément dire ça.» Hélène cherche le mot juste, et son identité. Elle a 16 ans, bientôt 17, donc, de fil