Romans
Sophie Poirier, la Femme domino
Inculte, 128 pp., 14,50 € (ebook : 10,99 €).
Léonie d’Aunet (1820-1879) est connue pour être la première femme à avoir pénétré, à 19 ans qui plus est, les terres boréales norvégiennes. Découverte bien sûr mais aussi peur. Elle en tirera un récit, Voyage d’une femme au Spitzberg. Sophie Poirier, en tombant un peu par hasard sur l’existence de Léonie, est attirée par cette femme qui place toute son énergie «à être là où elle voulait être». En suivant sa trajectoire (sa vie avec le peintre Biard, son histoire d’amour avec Victor Hugo, son emprisonnement plusieurs mois pour infidélité, sa vie de chroniqueuse mondaine plus tard), Sophie Poirier dévie largement de la biographie et par une écriture pointilliste et anachronique, marche littéralement dans les pas de Léonie (elle se rend au Spitzberg en 2019), cherchant à voir ce qu’elle a vu, ressentir ce qu’elle a senti et tenter de construire un pont entre elles et entre les siècles. N. A.
Wolfgang Hilbig, Vieille Ecorcherie
Traduit de l’allemand et postfacé par Bernard Banoun, l’Extrême contemporain, 136 pp., 16 €.
«Il évoquait souvent la lame bleuâtre d’un long couteau droit tranchant un terrain coupé en deux» : un marcheur suit un ruisseau, d’abord adolescent puis adulte, mène une curieuse promenade romantique et inextricable qui tourne autour d’un centre d’équarrissage nommé Germania II, «lointainement coulant au loin, sombrant, tombant, vieille dépenserie». Dans ce récit fantastique paru en 1991, Wolfgang Hilbig (1941-2007) ancien tourneur-fraiseur de RDA devenu écrivain autodidacte et prix Georg Büchner en 2002, mêle nazisme, Stasi et chute du Mur dans ce que les