Romans
Stéphanie Chaillou, Revenir à Marimbault
Notabilia, 192 pp., 17 €.
Leur père va mal, il doit venir lui dit son frère au téléphone, un frère que Jean-Noël Dutilheul n’a pas vu depuis trente ans. Comme le reste de la famille. «A ces mots, il avait eu l’impression désagréable que des importuns étaient entrés chez lui. Des corps, des odeurs, des paysages dont il ne souhaitait pas la présence.» Fermé à un passé d’indigence affective et de brimades parce que jugé «efféminé», Jean-Noël décide pourtant de revenir en Gironde, descend à l’hôtel, visite son ancien professeur de philo et protecteur, puis son frère. Ses réflexions intimes mêlées à ses souvenirs se déplient au fil de lieux familiers, à l’aguet d’une vérité jamais dite. En écho, un renard tente de fuir l’adversité pour la liberté. F.Rl
Adélaïde Bon, Puisque l’eau monte
Editions Le soir venu, 189 pp., 16,95 €.
A l’annonce de sa grossesse, Sybille décide d’avorter car «une tristesse épaisse avait déferlé sur moi, une eau noire peuplée de créatures anciennes, de hurlements et de terreurs», puis comme la prêtresse d’Apollon, elle prophétise que «si l’enfant naissait, on s’y noierait». Elle nommera «l’amas» (comme en latin «tu aimes» ?) ce bout d’enfant qui s’en est allé d’elle. En cette période déchirante où «le temps recule et le passé s’approche», les repères se brouillent entre Paris, lieu de son couple et le Poitou, lieu de l’enfance, pays de marais, de sorcellerie et de secrets enfouis dans les eaux noires où planent des brouillards estompant le réel. Tout semble alors converger vers un point unique et s’y engouffrer c