A 17 ans, elle est orpheline de son père algérien, dont la dépouille repose «au calme sous quatre ou cinq pierres sèches», dans la montagne, «là-bas». «Elle aurait voulu l’interroger sur son parcours. Trop de remous historiques, trop de fatigue ouvrière, trop de méli-mélo de misères. Il n’a jamais parlé de lui, ce travailleur-là, comme ceux de son époque, sans nombril, on aurait dit.» Mais 17 ans, c’est aussi l’âge où elle découvre ce qui restera pour toujours son «pays rêvé», la Grèce. Au cours de ce libre récit, la narratrice se déplace sans cesse, y compris à l’intérieur de sa propre identité. Le confinement empêche de voyager ? Qu’à cela ne tienne. Elle avale des kilomètres de séries coréennes puis turques. La voici bientôt installée dans le Sud-Ouest – une maison isolée, devant une grotte – avant de repartir pour les Cyclades. Alors qu’un chapitre précédent l’a vue arpenter avec ferveur l’Est parisien, avec longue station au Père Lachaise. Une des clés de ces pages est un conseil de Bachelard : «Mimi, on n’est pas la sommation de son passé. Non. Jamais. A aucun instant », l’encourage le bon Gaston B.» Tassadit Imache est née en 1958. Cl.D.

Sa mère est morte et le monde n’a pas changé. C’est la première violence qui frappe Ludivine Ribeiro. Alors à celle dont la blondeur éclairait la vie et le bleu des yeux s