Romans
Wendy Delorme, le Chant de la rivière
Cambourakis, 104 pp., 16 €.
Une écrivaine, «la femme», part s’isoler dans une maison dans les montagnes pour écrire un roman – et puisque le roman n’avance pas, elle écrit à la personne qu’elle aime. En parallèle, un cours d’eau en dormance, «la rivière», témoigne du passé des lieux : «J’ai la mémoire intacte de celle qui m’habite, qui a vécu ici il y a bien longtemps. Qui m’a bue à la source, qui a mêlé souvent ses larmes à mes flots, jusqu’à ce que son regard en devienne liquide. Elle s’appelait Clara.» Comment les deux récits vont se rejoindre en affluents et former réunis une histoire «des mille réalités des amours interdites, autrefois comme aujourd’hui», tel qu’on le lit en épilogue, c’est l’enjeu de ce roman à deux voix, bucolique et charnel, où «le désir est une crue» mais où la flamme peut aussi «éclaire [r] sans brûler». Wendy Delorme remue et console ; pour l’occasion lave les plaies plus qu’elle n’allume les feux. T.St.
Jeroen Olyslaegers, la Femme sauvage
Traduit du néerlandais (Belgique) par Françoise Antoine. Stock «La Cosmopolite», 512 pp., 23,90 €.
Avec Beer, le patron de l’Auberge de l’Ange, on plonge dans la ville d’Anvers à la fin du XVIe siècle, époque d’effervescence intellectuelle et bientôt de sanglantes luttes religieuses. Son estaminet accueille les réunions secrètes d’une confrérie, la Famille de l’Amour, et le célèbre alchimiste anglais John Dee s’y enferme pour écrire un de ses essais. Il abritera même une Inuite et sa fille, tous deux ramenées d’une expédition au Grand Nord, et dont Beer monnaye les visite