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Librairie éphémère

«Enracinnées» d’Anouk et Pauline Delabroy-Allard lu par Anne-Elise Guilbert-Tetart, archiviste

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Chaque semaine, une lectrice ou un lecteur chronique un coup de cœur. Aujourd’hui, deux sœurs à l’ouvrage, en vers courts et percutants.
Photographie extraite du livre «Enracinnées» d'Anouk et Pauline Delabroy-Allard. (Editions L’Iconoclaste et la collection Iconopop)
par Anne-Elise Guilbert-Tetart, archiviste
publié le 20 janvier 2024 à 2h59

Nous embarquons dans un univers familial unique par le biais de souvenirs. Le voyage débute avec les maisons et l’évocation de leurs parents. Architectes du foyer mais aussi de leurs enfants, ils créent le premier avec de multiples matériaux et leur donnent des fondements à la vie. Les mots, d’une délicatesse réfléchie, déversent des émotions résonnant avec notre vie, nos relations intimes. Nous voilà à nous interroger – comme les autrices – face aux photographies conservées dans les albums sur les «pourquoi» et les «qui est-ce». Les débuts de l’âge adulte sont ceux du questionnement notamment de la recherche de soi pour se construire. Cette quête devient une conversation à cœur ouvert entre sœurs (Pauline, l’aînée ; Anouk, sa cadette de huit ans). Des vers courts et percutants accompagnent des clichés en noir et blanc. «Tu le sais/ aussi/ qu’on ne s’est pas tout dit/ qu’on a oublié parfois/ de se regarder de se demander/ d’où on vient/ peut-être avons-nous besoin/ d’une parcelle de terre/ d’un bout de lande/ d’une nouvelle langue.»

Tendresse et complicité

Nous poursuivons notre lecture dans leurs chemins plus ou moins tumultueux. Des malheurs de la vie sont énumérés, mais également la difficulté de prendre part à un monde sauvage où le danger des agressions sexuelles rôde à chaque instant. La création continue à prendre une part importante dans leur(s) vie(s) – de l’écriture à la photographie. Plus le récit avance, plus nous entrons dans leur intimité : une tendresse et une complicité se des