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Pour entrer dans ce premier recueil de poésie, il faudra traverser un champ de bataille. Des dieux et des démons s’y affrontent. Estelle Coppolani, 29 ans, originaire de la Réunion, interprète l’un des grands mythes hindous, celui dit du barattage de la mer de lait, une légende de la Création. Puis Couronnées d’oiseaux, c’est le titre du livre, se fait plus apaisé, mais marqué par l’histoire de cette île de l’océan Indien: un peuplement par étapes avec la venue à travers les mers des esclaves d’Afrique et de Madagascar puis de travailleurs indiens – on appelle ce phénomène, l’engagisme – recrutés pour être exploités sur les plantations de cannes à la place des esclaves affranchis. Couronnées d’oiseaux même s’il aborde ce malheur des îles, la violence vécue par ces peuples transbordés (comme à l’île Maurice, toute proche), est pourtant un recueil lumineux, où le marronnage des esclaves comme les fugues des engagés balayent toute pensée mortifère.
Estelle Coppolani s’est appuyée sur sa connaissance de la poésie classique tamoule, une poésie d’amour, pour écrire ce livre. Comme dans cette dernière les paysages sont les reflets des émotions. Mais elle a d’une certaine façon créolisé ce procédé d’écriture. Son bestiaire est celui des Mascareignes, les couleurs et la flore de même. On y voit