La menace des coupures d’électricité cet hiver ? Même pas peur : Eteignez tout et la vie s’allume répond Marc Levy, en l’occurrence inspiré par une phrase de Sylvain Tesson dans le Monde à propos des joies de la déconnexion («Eteignez tout et le monde s’allume»). De fait, après une trilogie intitulée «9» impliquant une bande de hackeurs, ni ordinateur ni smartphone dans le Levy nouveau, mais un retour aux fondamentaux : une femme, un homme, une rencontre, le tout plié en 200 pages. Sur les forums, la minceur du volume fait parler : il s’agirait pour certains d’un «petit» Levy. Par la taille peut-être, mais pas par l’ampleur des questions soulevées : quel est le secret du bonheur ? Peut-on rattraper le temps perdu ? «Vous le savez, vous, pourquoi on tombe amoureux ?»
Comment briser la glace ?
Vous voilà sur un paquebot, face à l’océan. Alternativement, vous serez Jeremy, un jeune homme mélancolique en troisième classe, ou Adèle, une dame moins jeune en première. Le visage collé au hublot, cette dernière observe le garçon sur le pont. Les autres passagers l’ennuient, alors elle siffle son verre de vin et sort accoster le rêveur. Entrée en matière audacieuse : «Quelle est votre définition du bonheur ?» demande-t-elle. Aucun problème, Jeremy adore les questions et, voyant venir l’orage, en trouve une autre pour elle : «Vous craignez la foudre ?» Adèle est intrépide : «J’ai toujours aimé le danger, mais je crains les éclairs de ma mémoire.» La voyageuse est en effet travaillée par le fantôme d’une vieille histoire, et plus trop sûre de plaire. Qu’elle se rassure. Le bateau à bon port, Jeremy se lance : «Je vous trouve belle. Voilà.» Un cabriolet file ensuite à travers la campagne et Adèle perd son foulard comme on s’abandonne. On imagine déjà Fanny Ardant et Pierre Niney dans les rôles principaux.
Ça vous fait penser à un film ?
Titanic au début, puis le Patient anglais lorsque nos deux personnages se retrouvent à bord d’un vieux coucou à survoler les alentours (on ignore où ça se passe, mais il y a des cyprès). Dans une vidéo promotionnelle diffusée sur ses réseaux, Marc Levy explique qu’il n’avait pas prévu d’écrire ce livre, mais qu’il s’est imposé à lui au milieu d’une nuit. Soudain, il s’est mis à remplir les pages sans pouvoir s’arrêter. «C’est une histoire d’amour et, ce que je peux vous dire, c’est que ça m’a fait un bien fou de l’écrire.» Comme dans Amour, la pastille fait entendre l’Impromptu n°3 en sol bémol de Schubert en fond sonore, mais ne suivons pas cette piste : on est très loin de Michael Haneke.
Et pour les enfants ?
Marc Levy a une double actualité, puisque paraît simultanément la suite de sa série pour la jeunesse le Petit Voleur d’ombres, adaptée de son best-seller le Voleur d’ombres et illustrée par Fred Bernard. Soit l’histoire d’un petit garçon ayant le pouvoir de voler l’ombre des autres et, par là même, de connaître leurs secrets. Il est ici question d’un grand orage. «Je n’ai jamais eu peur de l’orage», dit d’entrée notre héros, et l’effet d’écho avec le roman est immédiat. D’un côté et de l’autre, c’est aussi un succès : sorti le 22 novembre, Eteignez tout et la vie s’allume s’est déjà vendu à 250 000 exemplaires. Les six tomes du Petit Voleur d’ombres en sont pour leur part à 100 000 copies écoulées. Marc Levy est présenté au verso des deux couvertures comme «l’écrivain français le plus lu dans le monde» (aux adultes, on donne un chiffre : «plus de 50 millions d’exemplaires vendus»). Autre record pour Levy : six «Pourquoi ça marche» en comptant celui-ci.