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Libération
Lundi poésie

Etienne Faure voit Paris en prose

Poésiedossier
A l’écoute du presque rien, le poète continue sa flânerie poétique dans les rues de la capitale.
Etienne Faure est né en 1960 en Normandie. (Photomontage Libération/Francesca Mantovani. Editions Gallimard)
publié le 16 septembre 2024 à 18h53

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«Le ciel est d’un bleu douteux, il peut pleuvoir.» Au fil de ses poèmes en prose, Etienne Faure est passé maître dans la notation de l’indéfinissable, du presque rien, et même du volatil : «Avec le déplacement des joggers, une odeur d’encaustique est passée, peut-être un métier d’antiquaire ou de brocanteur, ou de cireur de chaussures.» Il livre avec ses Séries parisiennes le nouveau chapitre des observations de son narrateur, ici, comme son nom l’indique, sur les bords de la Seine. On songe au beau titre du livre posthume de Guillaume Apollinaire, le Flâneur des deux rives, que l’auteur cite d’ailleurs.

Né en 1960 en Normandie, Etienne Faure a développé sa propre forme, couteau suisse personnel qu’il déploie de livre en livre : un poème en prose d’un ou deux paragraphes dans lequel les phrases n’hésitent pas être longues, suivies du titre indiqué à la fin, comme si c’était plutôt la réponse à une devinette que nous posait le texte. Dans Séries parisiennes, il propose aussi des formes encore plus courtes : des poèmes sur les mouvements de mains et qui sont constitués, suivant le nombre des doigts, de cinq vers et «dix-sept haïkus dans l’ascenseur». De quoi rendre compte, toujours avec une distance qui tient de l’élégance, de la «saccade des jours».

Etienne Faure, Séries parisiennes, Gallimard, 156 pages, 17 euros.
L’extrait

Puis le printemps revient sur le banc vert de mousse, la langue hier de bois s’apprête à reverdir, revenue de loin par la sève des planches où la pensée ne répond de rien, ne peut se rendre – et pourtant sous le vert écaillé circule : le banc parle.

Est-ce là remontée en mémoire des livres lus sur ces planches ou des conversations et pensées de passants non pas rassis en lieu clos sur des chaises mais sur un banc à l’air libre, à parler de concert avec les oiseaux, voitures, enfants de squares ou seuls, en rêve, ou déjà morts, que la planche travaille à voix haute ?

le banc parle