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«Etre à l’heure» de Catherine Herr-Laporte : au XVIIIe siècle, la France en calage horaire

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Le cahier Livres de Libédossier
L’historienne montre comment l’heure s’est généralisée en France à partir des années 1750, créant une attention nouvelle à la ponctualité.
Une pendule du XVIIIe siècle. (Bridgeman Images. AFP)
publié le 16 avril 2025 à 23h42

Depuis quelque temps, l’historiographie s’intéresse à la façon dont les sociétés coordonnent leurs activités avec l’invention des horaires. Chercheuse en histoire, Catherine Herr-Laporte montre comment ce processus à la fois technique et psychique s’intensifie au cours du XVIIIe siècle. Ce besoin d’horaires est en particulier dû à la nouvelle recherche de vitesse dans le transport des lettres comme des personnes, recherche qui s’intensifie à partir des années 1750 et plus encore après la Révolution. A partir de 1675, on observe la publication régulière d’horaires postaux indiquant le départ des courriers et, dès 1725, plus de la moitié des horaires sont donnés à l’heure près. La précision à la demi-heure, voire au quart d’heure, est par contre encore exceptionnelle. Des horaires précis ne sont cependant utiles que si la population a accès à l’heure ce qui précisément se généralise au cours du siècle. La montre devient transportable grâce à cette innovation majeure qu’est le balancier spiral, et sa possession se généralise au point de devenir assez ordinaire. En 1790, on en trouve dans 70 % des inventaires après décès, marchands et ecclésiastiques semblant les plus rigoureux dans le respect des horaires. L’heure publique est également de plus en plus accessible grâce à la multiplication des horloges, en particulier près des auberges et des relais de poste.

La multiplication des horaires conduit à l’apparition d’une notion nouvelle : le retard. L’usage du mot s’accroît fortemen