Qu’est-ce que le fascisme, à la fois comme phénomène politique et comme phénomène psychologique ? Telle est en somme la double question que se partagent les deux nouveaux volumes des cours de Gilles Deleuze arrivés en librairie ces jours-ci, d’un côté Sur l’appareil d’Etat et la machine de guerre (novembre 1979-mars 1980), de l’autre Lignes de vie (mai-juin 1980). Ils ne pouvaient pas tomber mieux pour montrer qu’un siècle après la naissance du philosophe, ce nom propre continue de nous aider à «ne pas être indigne de ce qui arrive».
Car on n’a jamais eu autant raison qu’en ce moment de répéter la célèbre phrase de Michel Foucault en 1970 : «Un jour, peut-être, le siècle sera deleuzien.» Nous sommes en pleine célébration du centenaire de sa naissance, le 18 janvier 1925. Plusieurs événements et publications ont déjà eu lieu cette année, parmi lesquels on peut signaler le recueil dirigé par Camille Chamois et Thomas Detcheverry, Deleuze aujourd’hui (PUF, «La vie des idées»). Ce n’est pas terminé, car on commémore aussi les trente ans de sa mort, qui survint le 4 novembre 1995. Le centre Pompidou délocalisé au MK2 Bibliothèque s’associe à la BNF pour un week-end de projections, conférences, performances, du 7 au 9 novembre, alors que l’université où enseignait Deleu