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Interview

Eva Baltasar, «dans le fleuve de la vie sauvage»

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Le cahier Livres de Libédossier
Entretien avec la poète et romancière catalane à l’occasion de la sortie de «Mammouth», troisième volet d’une trilogie centrée sur la maternité.
Eva Baltasar, 46 ans, est aussi poète. (David Ruano/And other stories)
publié le 6 septembre 2024 à 15h00

Dans Mammouth, troisième roman de l’autrice catalane, une jeune femme veut sentir la vie la traverser. Dit plus prosaïquement, elle veut tomber enceinte. Cette candidate à la maternité est lesbienne, comme les autres protagonistes d’Eva Baltasar, mais contrairement à Samsa dans Boulder, elle n’envisage pas la procréation médicalement assistée. Mammouth s’ouvre sur une fête, «une fête clandestine de fécondation». Dans sa coloc, tout le monde est au courant, mais pas forcément les invités. «Jour fertile numéro deux», minuit passé, la candidate à la maternité passe à l’offensive : «Il terminait un master et était maître-nageur. En l’apprenant, j’ai pensé à des spermatozoïdes aux larges épaules, à de magnifiques remonteurs de fleuves, et ça m’a donné confiance pour la suite». Mais le scénario ne se passe pas comme elle l’espérait. Vient la fuite dans un mas de montagne, la solitude, l’âpreté de relations campagnardes, l’apprentissage de la cohabitation avec les animaux, dont une cruelle confrontation avec des chats abandonnés. Eva Baltasar, 46 ans, qui est aussi poète, fait naître de déroutantes et merveilleuses associations de mots. Comme lors de cette rencontre d’une Galicienne dans une maison pour randonneurs : «On sort dans la nuit, dans le royaume des étoiles et des messes noir