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Le livre a un genre hybride. Il prend parfois les atours de l’autofiction initiatique ou de la non-fiction féministe. Le tout dans une forme assez fixe en vers libres. La langue oralisante est simple, descriptive, sans fioriture et aucun lyrisme, directe – certains diraient froide comme un scalpel –, bref, ne s’embarrasse pas de figures de style pour poétiser (et politiser ?) une expérience intime minoritaire – celle d’une jeune fille middle class, petite-fille d’immigrés italiens – tout ce qu’il y a de plus banal et à cru. Mais avec beaucoup de nuance. Ce qui n’empêche pas Je n’arrive pas à parler et à dire des choses en même temps, le premier recueil d’Eva Mancuso paru au printemps aux éditions L’arbre de Diane, de s’appuyer sur une prosodie qui émeut son lectorat. Exemple : «Un jour je me suis couchée sur une table /ce n’était pas une table pour manger c’était une table pour se coucher.»
Pour matériau, la poétesse et performeuse belge, née en 1987, s’appuie sur les souvenirs d’enfance d’un grand-père et d’une grand-mère (principalement), entremêlés d’épisodes personnels du quotidien de la gamine, de l’adolescente puis de la jeune femme. Il est aussi question de rapports avec les autres intermédiés par le cinéma, la télé-réalité ou internet. Le tout, assemblés en quatorze longs poème