Fabio Morábito, écrivain mexicain, est né en Egypte il y a soixante-six ans. Il a vécu en Italie de 5 à 15 ans, puis sa famille s’est installée à Mexico. Il est chercheur et traducteur à l’université. Il a traduit en espagnol des poètes italiens – le Tasse, Eugenio Montale – exhumé et édité des contes populaires mexicains. Il est poète, il est enfant. L’un des poèmes de l’anthologie qui lui est consacrée, composée par lui et (bien) traduite avec lui, s’intitule «Après presque vingt ans» : «Maintenant, /après presque vingt ans, /je commence à le sentir : /comme un muscle qui s’atrophie /par manque d’exercice /ou qui tarde à répondre, /l’italien /dans lequel je suis né, j’ai pleuré, /j’ai grandi dans le monde /– mais dans lequel je n’ai pas encore /aimé /m’échappe des mains /ne colle plus /aux murs comme avant, /il déserte mes rêves /et mes gestes, /il se refroidit, /il tombe en lambeaux.» Résultat : comme souvent «les nomades et les parvenus», il souffre «du dos et de la mémoire». Les valises les plus lourdes sont celles qu’on laisse derrière soi, et il finit par se demander : «Avec quels mots me souviendrai-je de mon enfance ?» L’un de ses contes pour la jeunesse, primé au Mexique, s’intitule : Quand les panthères n’étaient pas noires. De quelle couleur était l’auteur quand il vivait en Italie ?
Sisyphe dans un terrain vague
Ses poèmes ont la transparence et la profondeur de la vie. Ce sont des fables qui naissent de la vie quotidienne, images, scènes, voyages, pour alle