«C’était encore la mer, le plein d’eau, le trop-plein. Mais c’était aussi la mer, le trop-plein d’eau, le vide si on peut dire : dur, le vide si on peut dire : plein… C’était de la mer que Drieu tirait cette énergie, ce désir de prendre la route, et c’est à la mer qu’il se rendait. La mer, c’était la Méditerranée, la Merterranée, la seule possible.» Faire contenir toute une mer dans un livre. Réécrire à son compte l’Odyssée d’Homère et Horcynus Orca de Stefano d’Arrigo. Inventer sa propre langue. Retracer l’itinéraire d’une quête hallucinée, celle, précisément, d’un ouvrage mythique qui répondrait à toutes les questions et déclencherait rien de moins que la fin du monde. Mettre en abyme sa propre recherche existentielle. Féroce a déboulé en librairie avec toute l’immodestie de ses folles ambitions, symbolisée par son objet même : un pavé noir à la couverture brillante, de 22 centimètres de haut et 16 de large, épais de 600 pages et lourd d’un peu plus de 800 grammes. Benoît Vincent, annonce-t-il, l’a écrit durant onze années – à la suite d’une tentative avortée de traduction de l’Horcynus Orca (finalement traduit par Monique Baccelli et Antonio Werli, le Nouvel Attila) – entre 2013 et 2022. On entendrait presque un «et bim !» quand on l’a entre les mains.
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Féroce suit les aventures d’un certain Drieu Pagès – étonnant prénom, diminutif d’Andrieu et clin d’œil à un auteur qui a mal tourné –, un héros dont on devine q