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Libération
Rentrée politico-littéraire

Présidentielle : François Hollande, professeur punchline dans un texte à clashs

Gauche 2022 : le grand embouteillagedossier
Dans un livre qui sort ce mercredi, l’ex-chef ce l’Etat étrille les acteurs de la campagne, dont Emmanuel Macron et Eric Zemmour, à coups de phrases assassines. Et estime que la social-démocratie est «la mieux placée» pour «redonner espoir» à la France.
François Hollande, en août. (Denis Allard/Libération)
publié le 20 octobre 2021 à 10h31

Et si François Hollande était en fait un rappeur à clashs, du genre à coucher ses adversaires d’une ligne bien sentie ? A six mois de la présidentielle, l’ancien président montre qu’à défaut de mieux, il est toujours prêt à distribuer bon points et mauvais poings aux acteurs de l’actualité politique. Emmanuel Macron ? Il saute «d’une conviction à l’autre comme une grenouille sur des nénuphars». Eric Zemmour ? Un «Petit Chose» qui nourrissait «une amertume grandissante» de ne pas être suffisamment reconnu. «Mais n’est pas Trump qui veut, même en miniature.» Dans son ouvrage intitulé Affronter (éditions Stock), qui sort en librairie ce mercredi, François Hollande dézingue à tout-va.

L’ex-président socialiste passe en revue, dans le Parisien, les différents candidats putatifs ou déclarés à la présidentielle et ironise sur certains d’entre eux : il voit notamment Emmanuel Macron comme «un homme d’aucune doctrine, un voyageur sans boussole […] changeant d’opinions au gré des événements».

Un point de vue que François Hollande a complété ce mercredi, invité dans la matinale de France Inter pour discuter du livre. Une nouvelle fois, l’ex-président socialiste n’a pas pu résister à lâcher un bon mot sur son successeur : «Ce n’est pas le ‘‘en même temps’’, c’est ‘‘l’air du temps’’. Or un pays a besoin d’avoir un sens, une vision», développe celui pour qui «Emmanuel Macron représente une technostructure qui pensait qu’elle pouvait faire mieux que les politiques».

Hidalgo plutôt que Montebourg

Dans son camp, François Hollande considère Jean-Luc Mélenchon comme «un boulet pour la gauche», et décrit son ancien ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg, comme «un Zorro de la politique», «surgissant hors de la nuit pour délivrer la France des griffes de Bruxelles. Mais si un jour il siégeait au Conseil européen, il passerait pour un zozo». Moins critique sur Edouard Philippe, il note cependant que ce dernier camoufle aujourd’hui «ses intentions réelles dans une sorte de brouillard rhétorique, à l’instar de ces poulpes qui se dissimulent derrière un nuage d’encre».

L’ex-président loue les mérites d’Anne Hidalgo, «une femme toute de sang-froid, de détermination et de ténacité», à laquelle il conseille de rester «fière de son identité socialiste» pour «être capable de rassembler une majorité de Français». Mais il juge cependant qu’il faudrait «un bain de jouvence» à la «bonne vieille social-démocratie», et que la candidate socialiste en 2022 devra «avoir un projet global» et «s’adresser à tous». Bref, un soutien qui ne serait sans doute pas mécontent de (re) devenir calife à la place de la calife.

«J’appelle au rassemblement des électeurs autour d’une force motrice qui doit être la gauche de gouvernement», a-t-il sommé, déplorant qu’à gauche, «toutes les candidatures sont lilliputiennes. Elles se livrent à des batailles aussi picrocholines que microscopiques». Et précise : «Cette élection sera marquée par le sérieux», qui «fera la différence».

«Urgence écologique»

Sur le fond, François Hollande fait une série de propositions : il défend un régime présidentiel qui supprime le Premier ministre, une «planification» pour «fixer pour un temps long le chemin de croissance du pays». Il préconise aussi un «New Deal à la française» post-Covid, destiné à «renforcer nos capacités industrielles, adapter notre organisation à l’urgence écologique, et préparer la population, les jeunes comme les moins jeunes, aux métiers de demain».

Face à «l’indispensable tarification du carbone», qui risque de créer de «l’injustice», il suggère, comme d’autres à gauche, «une compensation par la distribution de chèques ciblés», et de relever considérablement les «primes pour l’achat d’une voiture électrique ou d’un chauffage à faible émission de CO2». Il juge aussi «possible» de porter le smic brut à 1 900 euros au terme du prochain quinquennat, soit un peu plus de 3 % par an.