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Libération
Drôle d'été pour une rencontre

François Mitterrand et Marguerite Duras, une amitié résistante

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Durant l’Occupation, l’écrivaine rencontre à son domicile parisien le futur président de la République et intègre son réseau résistant. Le début d’une longue amitié qui durera jusqu’à leurs décès.
François Mitterrand et Marguerite Duras en avril 1988. (STEVENS FREDERIC/STEVENS FREDERI/STEVENS FREDERIC/STEVENS FREDERI)
publié le 23 août 2024 à 16h00

C’est une odeur de cigarette anglaise qui emmena pour de bon Marguerite Duras sur les chemins de la Résistance. Une cigarette fumée par François Mitterrand dans son appartement du 5, rue Saint-Benoît, dans le VIe arrondissement de Paris. L’homme arrivait de Londres avec dans sa mallette un revolver, un flacon d’alcool, une boule de cyanure. Il y avait adjoint un imperméable et ces quelques cigarettes qui changèrent tout. «Et tout à coup vous avez fumé, et la pièce a été envahie par l’odeur de la cigarette anglaise, lui dira-t-elle quarante-deux ans plus tard, dans le même appartement. Il y avait trois ans que je n’avais pas senti cette odeur. Je n’ai pas compris. J’ai crié : “Mais vous fumez une cigarette anglaise.” Vous avez dit : “Oh pardon…” Vous avez pris votre paquet dans votre poche et la cigarette que vous fumiez et vous avez tout jeté dans le feu. […] Je n’ai jamais eu d’explication sur l’origine de la cigarette anglaise. Mais j’ai compris ce soir-là que nous étions entrés dans la Résistance, que c’était fait.»

Amitiés plus ou moins troubles

Dans les eaux troubles de l’Occupation, les récits sont brumeux. Il est impossible de dater précisément cette rencontre. Sans doute en 1943, par l’entremise d’un a