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«toujours je m’évade derrière /les mêmes images.» Voir du pays, avec François Turcot, n’exige pas beaucoup d’efforts physiques. Dans les Pas fantômes, son dernier recueil paru en septembre (La Peuplade), le poète québécois invite à se déplacer dans ses contemplations montréalaises. Ce sont ici des «voyages botaniques», au plus proche des digitales, des capucines et des pavots dans les «jardins des déviations», là des rêveries vagabondes, pour rejoindre l’angle d’une rue de Barcelone ou les motifs d’un tapis de Tabriz. Et dans ces pérégrinations environnantes, au coin «des ruelles sans fin», la prose est une projection dans ce que la pensée ou le souvenir a de plus spontané. «parfois une chanson /revient à la charge», écrit cette autre voix prolifique et traduite de la vivifiante poésie québécoise.
Ou encore : «j’arrose la terre en chantant /et désherbe mes torts.» Les vers sont denses, mais économes ; la musique est pleine de vie d’un cœur qui bat encore. François Turcot poursuit par ailleurs son travail sur l’absence, un des thèmes centraux de sa poésie. Car s’il y a bien une absente qui fait défaut dans ce nouveau recueil, c’est bien l’expérience de la maladie qui a hanté, nous précise-t-on, son écriture. Le spectre se dévoile néanmoins par bribes et les éclosions annoncent la rémission du marcheur.
François Turcot, les Pas fantômes, La Peuplade, 112 pp., 17€.
L’extrait
Le monde
Certains soirs au balcon
en orbite géostationnaire
l’air de rien on peut m’apercevoir
médusé le regard clair
tel un satellite
naviguant à 36 000 kilomètres
de moi-même -
loin d’être un spectacle
à tout moment je fabule
j’effeuille le monde