En 1978, sur France Culture (1), on demande à un exilé tchèque de fraîche date, Milan Kundera, s’il est possible d’imaginer Kafka sans Prague. «Je crois que Kafka est enraciné à Prague et qu’il est inimaginable sans Prague, répond-il. Mais, en même temps, il me semble que Prague est un monde complètement inconnu pour vous. Qu’est-ce que vous savez de Prague, n’est-ce pas ? C’est la capitale de la Tchécoslovaquie, c’est une ville très belle et c’est à peu près tout. Je crois qu’une raison pourquoi Kafka est souvent mal compris et pourquoi les soi-disant kafkologues peuvent dire à son sujet n’importe quoi, c’est exactement le fait qu’on ne sait pas grand-chose du pays et de la ville de Kafka. Imaginez-vous que vous écrivez un livre sur Balzac en ne sachant rien du tout de Paris et de la France, ou un livre sur Dickens en ne sachant rien du tout de Londres et de l’Angleterre… Ça se passe avec Kafka.» Reiner Stach considère qu’il s’agit là d’«un lieu commun, une vérité sans doute, mais peu éclairante». Cependant, le troisième et dernier tome de sa mémorable biographie consacrée à l’auteur de la Métamorphose ne se contente pas de couronner en beauté le centenaire de la mort de Kafka. Il commence par corriger l’ignorance ordinaire que déplorait, d’une voix chantante, l’auteur de la Plaisant
Littérature
Franz Kafka, du berceau au château
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Kafka en 1899. (Archiv Klaus Wagenbac. Akg images)
par Philippe Lançon
publié le 7 juin 2024 à 16h14
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