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Frédéric Ciriez : «Soudain un bloc d’Annie»

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Un hommage du romancier à l’écrivaine et poétesse surréaliste Annie Le Brun disparue le 29 juillet.
L'écrivaine Annie Le Brun, en février 2021. (Richard Dumas/VU)
par Frédéric Ciriez
publié le 15 août 2024 à 11h01

Ce 15 août, Annie Le Brun aurait eu 82 ans. Je l’appelais chaque année pour lui souhaiter son anniversaire et on riait de la symbolique de la date, l’Assomption de la Vierge Marie. Mais mon appel rituel le plus important avait lieu le 25 décembre, invariablement en fin de matinée. On se parlait quelques minutes sans avoir besoin d’évoquer l’essentiel : la disparition de son compagnon de toujours, le poète et dramaturge croate Radovan Ivsic, le 25 décembre 2009. Le 31, Radovan avait été incinéré au Père Lachaise. Le soir, Annie avait organisé une petite réception dans leur appartement du quartier de Bonne Nouvelle, à Paris. A la vie à la mort. A la vie. Champagne. Les grands surréalistes ont le génie des dates et l’humour noir comme boussole, au-delà de la mort. Annie et Radovan… je les croisais souvent sur les Boulevards, aériens, enchantés, à rebours du temps, comme éternellement liés à Nadja de Breton, à deux pas de la «très belle et très inutile Porte Saint-Denis». Il y a eu un avant et un après pour Annie avec la mort de Radovan, il y aura un avant et un après pour la littérature française avec la disparition d’Annie Le Brun.

La grande affaire de son œuvre est la question amoureuse. Elle irrigue