Menu
Libération
Roman

Frédéric Sounac, Dahomey aux violons

Article réservé aux abonnés
Le cahier Livres de Libédossier
Dans «L’Histoire navrante de la mission Mouc-Marc», les excès d’une colonne musicale colonialiste.
Porte du palais royal d'Abomey Atelier Sossa Dede Date : vers 1889 Bois polychrome, pigments, métal L'une des 4 portes exposées au musée du Quai Branly (Musée du Quai Branly)
publié le 14 mai 2022 à 23h02

On prétend que la musique adoucit les mœurs. L’Histoire navrante de la mission Mouc-Marc montre tout le contraire. L’auteur, professeur de littérature comparée, spécialiste des relations entre littérature et musique, a pris la formule au pied de la lettre pour s’engouffrer dans une fable a priori goguenarde qui se transforme en cauchemar.

Son héros, Firmin Falaise, apprenti diplomate aux rêves d’ambassade, violoncelliste amateur, a trouvé une idée qu’il juge exceptionnelle. En ce mois de février 1885, il fait partie de la délégation française à la conférence de Berlin qui discute aux côtés d’autres gouvernements du partage de l’Afrique entre les puissances coloniales. Si le jeune homme un peu fat de 23 ans n’a pas été convié à la table de Bismarck, il détient dans sa manche un mémorandum de trente pages. Sa proposition va dans le sens de l’humanisme à la française qui préconise «une campagne d’alphabétisation massive, mais aussi l’exportation généreuse du savoir et l’éveil des sensibilités». Il veut amener sa pierre à l’édifice. Pourquoi ne pas s’appuyer sur le maillage des dispensaires disséminés dans les territoires de domination française pour ouvrir des conservatoires destinés aux enfants indigènes ? La musique, non seulement crée de la cohésion et de la solidarité, mais de «la discipline, de la noblesse d’âme». Son projet est à l’ordre du jour des débats berlinois, il sera rapidement abordé avec condescendance et moquerie, et accepté au final. Mais l