Friedrich Dürrenmatt, panne incompressible

Quel est le coût de la Panne ? Né en 1921 et mort en 1990, le Suisse Friedrich Dürrenmatt a construit une excellente partie de son œuvre dans les années 1950, avec les titres qui lui ont valu la réputation d’inventeur du roman policier métaphysique (le Juge et son bourreau, le Soupçon et la Promesse), son succès théâtral mondial la Visite de la vieille dame et, donc, la Panne. «Nous ne vivons plus sous la crainte d’un Dieu, d’une Justice immanente, d’un Fatum, comme dans la Cinquième Symphonie ; non ! plus rien de tout cela ne nous menace. Pour nous, ce sont les accidents de circulation, les barrages rompus par suite d’une imperfection technique, l’explosion d’une usine atomique où tel garçon de laboratoire peut avoir eu un instant de distraction ; voire le fonctionnement défectueux d’un rhéostat des couveuses artificielles. /C’est dans ce monde hanté seulement par la panne, dans un monde où il ne peut plus rien arriver sinon des pannes, que nous nous avançons désormais», explique l’auteur du récit (dans la traduction d’Armel Guerne). Mais la Panne qui paraît aujourd’hui en poche est un texte de 1955 qui remporta le prix de «la meilleure création radiophonique de langue allemande» de 1956 décerné par les aveugles de guerre. On trouve dans le volume le Discours a