Gabriel Josipovici parle parfaitement français mais, cet entretien ayant eu lieu par mail, il a préféré qu’il soit en anglais. Il s’est ensuite révélé très compétent pour corriger la traduction. Son dernier roman s’intitule Cimetière à Barnes.
Vos personnages sont souvent des artistes. Qu’est-ce qu’un artiste pour vous ?
Ce n’est pas une question que je me suis posée, mais je suppose qu’un artiste est pour moi à la fois un saint et un clown. Un saint, parce que l’artiste est maintenant un des rares êtres qui va son chemin sans se soucier d’argent, de réputation ou de mode (encore que l’argent et la réputation soient certainement des éléments de motivation – mais je me souviens toujours de ce qu’un ami compositeur m’a dit quand nous débutions nos carrières : «Il y a deux dangers pour l’artiste : l’échec et le succès.» Beckett me paraît un des rares artistes à avoir affronté les deux sans que son art en pâtisse). Un clown, parce que, contrairement au saint d’autrefois, l’artiste ne croit pas en Dieu ni en ses propres pouvoirs divins ; en vérité, s’il est honnête, l’artiste n’est qu’un escroc. C’est pourquoi Don Quichotte, Tristra