On apprend du vocabulaire : «gymner», «atteindre le palier de stagnation», «hyperlaxité chronique», enchaîner «deux rotations et deux vrilles». On voit de près ces gymnastes, des adolescentes, se doucher : «Les Espoirs aux longues jambes bousculent les Elites aux abdominaux sculptés. Aucune pitié pour les boutons-poussoirs actionnés avec vigueur. Lessiver la sueur et les douleurs demande un jet d’eau chaude continu.» Certaines appartiennent à l’équipe de France. L’une d’elles, la plus jeune du centre d’entraînement, âgée de 11 ans seulement, a un point qui lui fait mal sous l’omoplate, alors une autre la masse. Entre elles, les filles sont plutôt gentilles, mais toutes ne le sont pas.

L’écriture enregistre la fébrilité de ces athlètes qui se scrutent en permanence. L’écrivaine, dont c’est le premier roman, est par ailleurs scénariste et réalisatrice ; elle donne bien à voir les mouvements des unes et des autres, elle les décompose avec précision et vélocité : «Boussole des orteils, mains-vérins, corps-ressort, pieds-réacteurs […].» Toutes sont douées, certaines iront aux JO. Gamba plonge le lecteur d’emblée dans le détail des sensations et des rituels de ces filles dont la performance et la santé du corps sont les obsessions ; elles connaissent chaque centimètre d’elle-même ou presque.

L’héroïne, Maëlys, a 17 ans. Elle est la plus prometteuse et la préférée de Max, l’entraîneur. Elle vient de l’île de La Réunion. Son père est mo