Myriam et Florian, proches de la quarantaine, et leur fille Lola, trois ans, vivent dans une yourte au milieu d’un champ. Ils n’ont ni eau courante, ni connexion au réseau électrique, ni frigo, ni machine à laver. Ils se chauffent au bois, se lavent et boivent de l’eau de pluie filtrée. Un petit panneau solaire doté de trois prises leur permet de charger ordinateur et téléphones portables. Ils consomment, pour l’essentiel, leur propre production alimentaire grâce à un potager, deux vaches, six moutons, deux chèvres, une cinquantaine de poules et douze ruches. La vente de pain au levain, qu’ils fabriquent deux fois par semaine et qu’ils écoulent sur les marchés locaux, leur procure 1 300 euros par mois – assez pour maintenir la maisonnée à flot sans aucune aide sociale ou subvention de l’Etat. Cette vie – hors norme – est un choix militant : celui d’une économie vivrière en rupture avec celle qui se fonde sur une incessante consommation d’objets, de matière et d’énergie mondialisés. Elle nous est racontée par la sociologue Geneviève Pruvost, spécialiste des mouvements écolo-libertaires, qui vise à «susciter des vocations» en démontrant qu’une vie alternative est possible dans les pays du Nord global.

«J’ai fait beaucoup d’entretiens, j’ai vu beaucoup de lieux. Je vois bien que ça marche, de vivre autrement ici et maintenant», explique la sociologue qui a enquêté pendant dix ans au sein d’une nébuleuse politique souvent connue pour le plateau du Larzac ou à la ZAD