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Fragments

Geoff Dyer, des fins insatiables

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«Les Derniers Jours de Roger Federer. Et autres façons d’en finir» est fait de digressions érudites et mélancoliques.
Geoff Dyer en septembre 2023. (Isabella De Maddalena/Opale)
publié le 17 mai 2024 à 14h57

Le mot «dernier» n’annonce pas toujours un désastre : «Dans n’importe quelle soirée poétique, si plaisante soit-elle, les mots que nous avons le plus hâte d’entendre sont toujours les mêmes : “Je vais vous lire les deux derniers poèmes”.» Journaliste, auteur de romans et d’essais, le Britannique Geoff Dyer est drôle et serait désolé de nous ennuyer. Le lecteur de son nouveau livre, dont le sujet est «la façon dont les choses se terminent», s’imagine souvent Geoff Dyer réservé, ou tâtonnant : la timidité comique qu’il dégage contribue au charme de son texte. L’écrivain né en 1958 a quitté la cinquantaine et pour traduire cette sortie, il utilise la métaphore d’un train à grande vitesse dont il serait descendu «pour prendre la correspondance qui vous catapulte dans la soixantaine». Ce bouleversement a éveillé en lui une curiosité pour «la fin de toutes choses, les dernières œuvres des artistes, le temps qui s’enfuit». Les Derniers Jours de Roger Federer est cousu de fragments qui entremêlent des réflexions sur des artistes (Henry James, Martin Amis, Stefan Zweig), sur des séparations, la retraite, les échecs et les succès avortés. Le texte n’a pas pour ambition d’être «exhaustif sur ce qui arrive en dernier, ni sur la finitude en général». Il ne dresse pas de listes, chaque cas est étudié avec délicatesse par un œil précis et singulier. Une seule fois, l’auteur établit une liste, celle des derniers «tout et n’importe quoi, à