A l’occasion du Festival du livre de Paris les 11, 12 et 13 avril, nos journalistes cèdent la place à des autrices et auteurs pour cette 18e édition du Libé des écrivain·es. Retrouvez tous les articles ici.
«Qu’y a-t-il de plus beau qu’un vendredi soir ?» se demande Gerhard Scholem fin 1914 dans son Journal de jeunesse, pour la première fois traduit en français. Il a 16 ans, est issu d’une famille juive assimilée non pratiquante de Berlin, qui n’observe ni le shabbat, ni presque aucune fête. Alors qu’est-ce qui pousse un adolescent qui n’a jamais vécu dans la tradition à concevoir une passion immédiate et définitive pour tout ce qui se rattache au judaïsme oriental ? La réponse flotte au-dessus de ces années avant de Quitter Berlin – c’est ainsi qu’est titrée l’édition de ce journal – où sont décrites avec ferveur les forces qui entraînent Scholem à se consacrer pleinement à l’étude de la Bible et de l’hébreu, conscient très tôt d’avoir une tâche à accomplir dont il parle comme d’une chasse au trésor : renouveler le judaïsme, «conduire la religion jusqu’au point où elle devient philosophie».
Ce qui est frappant dans Quitter Berlin, c’est le rapport à l’espace-temps. Scholem est déjà loin, déjà ailleurs, «je passe mon temps à me transporter en rêve dans des mondes et des époques qui n’existent pas ou sont déjà révolu